La retraite est souvent présentée comme une période de repos et de liberté après une vie professionnelle bien remplie. Mais cette étape est-elle réellement synonyme de bonheur pour les Français qui la vivent ? Pour y répondre objectivement, il est nécessaire de s’appuyer sur les données officielles les plus récentes, notamment celles issues des études de la DREES et de l’Insee, organismes publics de référence sur le sujet.
Un niveau de vie globalement satisfaisant
Les retraités bénéficient en moyenne d’un niveau de vie légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population. En 2021, leur niveau de vie médian atteint 1 970 euros par mois, contre 1 930 euros pour l’ensemble des ménages (source : DREES, Fiche 9 – Le niveau de vie des retraités, édition 2024 — drees.solidarites-sante.gouv.fr).
Cette différence s’explique notamment par le fait que les retraités ont moins souvent des enfants à charge et supportent moins de dépenses contraintes liées à l’emploi ou aux études.
Autre facteur de confort économique : la propriété du logement. Début 2021, 70,2 % des ménages dont la personne de référence a 65 ans ou plus étaient propriétaires de leur résidence principale, contre 57,7 % pour l’ensemble des ménages français (source : Insee, Enquête Logement 2020, publiée en 2024 — insee.fr). Cette situation limite mécaniquement le poids des loyers ou remboursements dans le budget mensuel.
Des disparités importantes entre retraités
Si le tableau d’ensemble semble positif, il masque toutefois des inégalités notables.
Fin 2022, la pension mensuelle moyenne de droit direct des retraités résidant en France, une fois les prélèvements sociaux déduits, s’élève à 1 512 euros nets par mois (source : DREES, Fiche 5 – Le niveau des pensions, édition 2024 — drees.solidarites-sante.gouv.fr).
Cependant, 34 % des retraités perçoivent une pension inférieure ou égale à 1 000 euros bruts par mois (source : DREES, Fiche 5 – Le niveau des pensions, édition 2024). Ces retraités peuvent connaître des difficultés, notamment pour assumer des charges imprévues ou conserver un rythme de vie social actif.
Les écarts entre les sexes sont également marqués : les femmes perçoivent en moyenne une pension inférieure de 38 % à celle des hommes (source : DREES, Fiche 5 – Le niveau des pensions, édition 2024), du fait notamment de carrières plus souvent interrompues ou à temps partiel.
La perception de la retraite en France
Au-delà des chiffres, qu’en est-il de la perception de la retraite par les Français ? Le Baromètre d’opinion de la DREES 2024 apporte un éclairage intéressant : fin 2023, 42 % des personnes non retraitées souhaitaient partir en retraite à 60 ans si elles en avaient le choix, et 9 % avant cet âge (source : DREES, Fiche 18 – Les opinions et les souhaits en matière de retraite, édition 2024 — drees.solidarites-sante.gouv.fr).
Cette appétence pour un départ précoce traduit la représentation positive qu’ont les actifs de la retraite, envisagée comme une période de liberté et d’épanouissement.
Conclusion
Les données officielles révèlent une réalité nuancée. Dans l’ensemble, les retraités français bénéficient d’un niveau de vie qui leur permet souvent d’aborder cette période de la vie avec sérénité, grâce notamment à la propriété immobilière et à des revenus généralement stables.
Toutefois, les disparités de pension, notamment selon le sexe, et les situations de retraités modestes, rappellent que cette tranquillité n’est pas uniformément partagée.
Enfin, la perception globale de la retraite demeure très positive. La forte proportion de Français souhaitant partir avant 62 ans illustre un attachement persistant à l’idée d’une retraite heureuse, propice aux projets personnels, au temps pour soi et aux plaisirs simples.