Si, en France, nous faisons encore partie des pays européens proposant un départ à la retraite « relativement tôt » (62 ans depuis la réforme des retraites de 2010), la situation s’est beaucoup dégradée chez nos voisins européens (Italie, Allemagne, Grèce, etc.). Ainsi, en Italie, une réforme mise en œuvre en 2011 a progressivement relevé l’âge légal de départ à la retraite à 66,7 ans. Jugée trop dure par les syndicats, le gouvernement italien de Mario Monti vient de proposer un assouplissement de la mesure via la mise en œuvre d’un prêt sur 20 ans, qui devra permettre aux assurés « d’acheter jusqu’à 3 ans de cotisations » et ainsi d’anticiper la retraite.
Dans quel contexte intervient cette réforme ?
Finalement, c’est toujours la même rengaine : il faut payer pour bénéficier de conditions de départ en retraite plus favorables. Mais le dispositif est assez innovant, imaginez plutôt : mettre en œuvre sur une période « test » qui courrait du 1er janvier 2017 au 31 décembre 2019, pour les salariés des générations 1951 à 1955, un système de prêt sur 20 ans dans la perspective d’anticiper la retraite jusqu’à 3 ans. La plupart des syndicats semblent être « satisfaits » du mécanisme proposé mais préfèrent « attendre les résultats avant de juger« .
En effet, la réforme de 2011 a laissé des traces : si elle a permis d’alléger la charge financière de la retraite pour l’État italien en allongeant la durée de travail des plus anciens, elle a aussi retardé les embauches des jeunes. Le taux de chômage des jeunes en Italie est beaucoup plus élevé (36,9% en avril 2016 pour les 15-24 ans) que la moyenne de la zone euro (21,2%). « Anticiper la retraite, oui, mais pas à n’importe quel prix !« .
Anticiper la retraite : comment ça marche ?
Par exemple, celui qui souhaiterait anticiper la retraite et partir dès 63 ans se fera avancer/financer par une banque les 3 années de cotisations non effectuées mais imposées par la réglementation retraite. Ces cotisations seront remboursées via le paiement des pensions. Selon les premières informations qui circulent, le montant du « remboursement » sera variable en fonction des revenus du retraité, et pourrait atteindre jusqu’à 15 % du montant de la retraite pour les plus aisés et ceux qui ont choisi volontairement de participer à l’expérimentation.
Des aménagements pourront être prévus pour les assurés ayant des revenus faibles, les personnes au chômage ou les salariés dont l’entreprise mène une restructuration (ce serait alors l’entreprise qui contribuerait au financement de la retraite anticipée) via un taux d’intérêts réduit ou des déductions fiscales spécifiques. L’État italien prendrait alors le relais et co-financerait le dispositif (on parle d’un budget de 600 à 700 millions d’euros par an, qui pourrait tout de même atteindre près de 10 milliards d’€ si les banques refusent de participer au projet…).
Le gouvernement italien a par ailleurs tout de suite voulu rassurer les assurés sur les conséquences financières d’un tel dispositif pour les héritiers en cas de « mort prématurée d’un retraité« . Le projet prévoit de les libérer de « toute solidarité financière » par rapport au prêt.
Alors, bonne ou mauvaise idée ? on sait déjà que dans les Caisses de retraite et au sein du gouvernement français on garde un œil sur l’expérimentation italienne… Affaire à suivre.
Sources : www.liberation.fr et www.latribune.fr